25 août 2017
vers un chœur de femmes
atelier, Biennale #3 • dirigé par Leïla Anis et Selman Reda
Plus d'infosSe reposer ou être libre ?
Vers un chœur de femmes » est un dialogue entre une jeune femme hardie, outrée d’un certain endormissement du pays, et un groupe de femmes de tout Marseille constitué en chœur qui lui répond en acquiesçant, s’offusquant, adhérant, s’irritant…
Ce dialogue, parfois tendu, se cristallise sur le « vivre-ensemble », sorte de néologisme peu précis, mais pourtant couramment invoqué, et qui ne saurait masquer les errances d’une société en panne de modèle d’avenir. Tour à tour ou ensemble, accompagnées par moments en musique, elles viennent clamer, chanter mais aussi susurrer, respirer, éructer et rire, pour rappeler la nécessité constante de ré-enchanter notre monde. C’est dans le souci de trouver la(es) manière(s) juste(s) de déplacer et ancrer les démarches développées à La Cité, vers des quartiers de la ville, peu dotés en projets culturels et artistiques, que s’est inventé ce projet de « Chœur de femmes ».
A travers un théâtre choral, il s’agissait pour chacune de prendre la parole dans l’espace public. Quelles sont les attentes, les espoirs de chacune ? quels combats sont menés ou à mener ? Qu’est-ce qu’il est urgent de dire aujourd’hui, pour demain ? L’auteure Leïla Anis a mené des ateliers d’écriture et récolté des paroles auprès du groupe pour écrire le texte du chœur. Le comédien Selman Reda a poursuivi le travail et mis en scène le « Chœur de femmes » avec la collaboration de la chef de chœur Marianne Suner.
À Marseille, on « vit ensemble » depuis longtemps, bon an, mal an. Mais quand un regroupement de femmes marseillaises s’est mobilisé à l’été 2013 contre les violences dans les quartiers Nord de Marseille, j’ai entendu comme un cri de désespoir et un appel urgent à une plus grande solidarité urbi et orbi, et il m’a semblé que la voix des femmes était aujourd’hui le plus juste médium pour mettre à jour et dénoncer les discriminations sociales en cours dans notre pays. Parce qu’elles sont en première ligne sur le front des inégalités, il m’a paru nécessaire pour ce travail de chœur d’inviter sur scène un grand nombre de femmes et de convoquer à travers elles la diversité sociale de Marseille à partir de laquelle nous pourrions questionner le rapport concret à la valeur égalité. Cette nécessité a été ré-appréhendée par le groupe même des participantes qui a manifesté le désir de travailler à partir de zéro, c’est-à-dire en commençant par aller à la rencontre de celles qui ne leur ressemblent pas.
- Selman Reda